Éviter la plus-value sur la vente d’une société : stratégies et conseils

Transmettre les titres d’une société à un prix supérieur à leur valeur d’acquisition déclenche mécaniquement une imposition sur la plus-value réalisée. Pourtant, la législation prévoit plusieurs régimes dérogatoires qui, sous certaines conditions, permettent de différer, réduire ou même neutraliser cette charge fiscale.

Certains schémas, notamment ceux impliquant une réorganisation préalable ou l’utilisation de holdings, offrent des leviers puissants pour maîtriser l’impact fiscal de la cession. Failles, seuils d’exonération et exclusions spécifiques dessinent un paysage complexe où chaque choix structurel peut transformer le montant final à verser au fisc.

Pourquoi la plus-value sur la vente d’une société pèse-t-elle autant dans la fiscalité des entrepreneurs ?

Dès qu’une cession d’entreprise se profile, la machine fiscale se met en route. La plus-value de cession, soit la différence entre le prix de vente et la valeur d’acquisition ou d’apport, tombe d’emblée sous le coup de l’impôt sur le revenu (IR) et des prélèvements sociaux. En France, ce double prélèvement s’abat sans nuance lorsque l’entrepreneur convertit ses années d’efforts en liquidités.

Deux chemins fiscaux s’offrent à celui qui vend. Le Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU), la fameuse flat tax, s’impose par défaut : 12,8 % pour l’IR, 17,2 % pour les prélèvements sociaux. Au final, 30 % de la plus-value s’évaporent en direction de l’État. Et pour ceux dont le revenu fiscal dépasse 250 000 € (pour une personne seule), la Contribution Exceptionnelle sur les Hauts Revenus (CEHR) peut alourdir la note de 3 à 4 % supplémentaires. L’impression de ponction est difficile à ignorer.

Certains préfèrent s’écarter du PFU et optent pour le barème progressif de l’IR. Ce choix s’applique à tous les revenus du capital, pas uniquement à la plus-value. Avec les taux des tranches supérieures, en ajoutant prélèvements sociaux et CEHR, la facture fiscale peut alors dépasser 34 %.

Au-delà des calculs, cette fiscalité influence le calendrier des ventes, la manière de structurer son patrimoine, ou la préparation de la transmission. Pour les dirigeants de SAS, SARL, EURL, SELARL ou d’entreprises individuelles, la sortie ressemble parfois à une épreuve de sélection. L’enjeu : préserver ce qui a été construit et empêcher que l’opération ne se transforme en épreuve fiscale. Chaque point de pourcentage compte.

Panorama des solutions pour limiter, reporter ou exonérer la taxation lors de la cession

Anticiper la vente ou la transmission d’une société, c’est naviguer au sein d’un dispositif dense et parfois déroutant. Plusieurs stratégies permettent de réduire la fiscalité sur la plus-value, d’en repousser l’échéance ou, dans certains cas précis, de la neutraliser totalement.

Voici les principaux leviers à connaître :

  • L’apport-cession reste la stratégie privilégiée des dirigeants expérimentés. Elle consiste à apporter d’abord les titres à une holding contrôlée, puis à les céder depuis cette structure. Ainsi, le report d’imposition s’applique, à condition de réinvestir au moins 60 % du produit dans des entreprises ou actifs éligibles sous deux ans. Ce dispositif, inscrit à l’article 150-0 B ter du CGI, ne laisse aucune place à l’à-peu-près : la moindre erreur se paie comptant.
  • La donation avant cession offre une alternative redoutable. En transmettant les titres à ses héritiers avant la vente, la plus-value latente s’efface : seuls subsistent les droits de mutation. La fiscalité sur la valeur ajoutée disparaît. Le pacte Dutreil peut, de plus, exonérer 75 % de la valeur des titres transmis lors d’une donation ou succession, à la condition de respecter des engagements de conservation et de gestion.
  • Pour les dirigeants qui partent à la retraite, un abattement fixe de 500 000 € s’ajoute aux abattements pour durée de détention. Ces derniers réduisent la base imposable selon l’ancienneté des titres, jusqu’à 85 % pour certaines PME. Les chefs d’entreprise individuelle bénéficient d’exonérations spécifiques selon le montant ou le chiffre d’affaires de la cession.
  • Les enveloppes telles que le PEA, l’assurance-vie ou certains fonds d’investissement (FPCI, FCPR) ouvrent la porte à une absence d’impôt sur le revenu après respectivement cinq ou huit ans de détention. Pour illustrer, Camille et Clémence, chacune dans sa configuration, ont su activer ces mécanismes pour réduire très fortement l’impact fiscal de leur opération.

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Faut-il se faire accompagner pour choisir la meilleure stratégie d’optimisation fiscale ?

La fiscalité de la cession d’une société ne tolère aucun pas de côté. L’empilement de dispositifs, abattements, report, exonérations, apport-cession, compose une mécanique complexe, soumise à conditions et à interprétation. Des cabinets spécialisés comme Prosper Conseil ou Sapians l’ont bien compris : chaque schéma doit être taillé sur mesure. Le choix d’une stratégie d’optimisation fiscale dépend de multiples facteurs : statut du cédant, montage capitalistique, durée de détention, perspectives de réinvestissement.

Un décalage dans le calendrier, une mauvaise compréhension de l’article 150-0 B ter du CGI, et l’avantage fiscal s’évanouit. Les professionnels aguerris repèrent vite les pièges : pacte Dutreil mal rédigé, holding passive, absence de réinvestissement conforme, oubli d’un abattement retraite. La jurisprudence évolue, l’administration affine ses contrôles. Certains acteurs, comme Blast Club, proposent même d’anticiper la suite en trouvant des opportunités de réinvestissement post-cession pensées pour la stratégie patrimoniale du dirigeant.

Impossible de faire l’impasse sur la planification. Camille, entrepreneure individuelle, a su optimiser sa cession en cumulant deux exonérations, portée par un accompagnement sur-mesure. Clémence, dirigeante de SAS, a combiné apport-cession et abattement retraite grâce à des conseils avisés. L’accompagnement ne s’arrête pas à la fiscalité : il éclaire aussi sur la cohérence entre projet de vie et structuration patrimoniale. La vente d’une société agit comme un révélateur : face à la complexité, expertise et anticipation dessinent la voie à suivre.

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